Batteries Lithium-ion : le défi du recyclage
La nette augmentation de la production de véhicules électriques, aura pour conséquence de mettre sur le marché un volume important de batteries, dont il faudra assurer la fin de vie. Mais comment gérer le défi du recyclage à l’échelle nationale voire européenne ?
Les véhicules électriques, un enjeu majeur des années à venir
Dans le cadre du plan de relance du secteur automobile annoncé par Édouard Philippe, le gouvernement a pour but de propulser les technologies électriques et hybrides. L’objectif fixé est de produire en France 1 million de véhicules électriques d’ici 2025. La production en masse de véhicules électriques, équipés de batteries, soulève de nombreuses interrogations et notamment la question du devenir des batteries en fin de vie. L’enjeu est multiple : assurer le recyclage des batteries usagées et sécuriser l’approvisionnement en matières premières stratégiques.
Dans le cadre du comité stratégique de filière Mines et métallurgie, un groupe de travail s’est penché sur les besoins de recyclage et de seconde vie des batteries, et sur l’organisation d’une filière nationale. « La croissance des besoins en recyclage de batteries lithium devrait être rapide et il est estimé que les capacités françaises et européennes seront très insuffisantes dès 2027 : les acteurs européens, dont les recycleurs français, devront multiplier par trois leurs capacités de traitement à cette date », souligne le rapport final, publié le 18 mai.
L’écosystème français est bien positionné « pour devenir le leader européen du recyclage des batteries, mais ne doit pas se laisser distancer, ni par ses partenaires européens, ni par ses concurrents internationaux qui investissent massivement dans des programmes ambitieux », prévient le rapport.
Créer une filière du recyclage rentable
Aujourd’hui le recyclage des batteries n’est pas rentable et coûte énormément.
« Au-delà du modèle initial focalisé sur la gestion environnementale de la fin de vie des batteries, et à l’instar de la concurrence asiatique, la filière française doit développer une offre complémentaire avec plus de valeur ajoutée, et destinée à être utilisée dans la fabrication de nouvelles batteries », analyse le groupe de travail. « Un risque identifié par la filière serait de réduire l’industrie française à un rôle de fournisseur de produits intermédiaires (sous forme de black mass) à d’autres recycleurs. Ces derniers contrôleraient ainsi la ressource secondaire, à forte valeur ajoutée, et en priveraient les filières industrielles françaises et européennes ».
A l’heure actuelle, le recyclage des batteries permet uniquement de produire des métaux d’alliages, qui n’ont aucune utilité pour la fabrication de nouvelles batteries. L’objectif est donc de développer un modèle « en boucle fermée » afin de pallier à cela. Le lithium constitue environ 1% du poids total de la batterie alors que le cobalt et le nickel 3,1% chacun. Au niveau européen, l’objectif est qu’en 2030, 10% des besoins en cobalt soient remplis par le recyclage des batteries usagées.
Aujourd’hui, les capacités européennes de traitement sont estimées entre 15 000 et 20 000 tonnes par an de batterie, dont 5 000 tonnes uniquement pour la France. Pour l’année 2027, les besoins en recyclage sont estimés à 50 000 tonnes et devrait encore doubler l’année suivante.